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Arthur Ténor - auteur jeunesse
11 septembre 2021

Réflexion du jour, en ce 11 septembre maudit...

Sur la personnalité des complotistes.

Des événements dramatiques d’ampleur mondiale, tel qu’un attentat terroriste majeur ou une pandémie, sont pour les sociologues et les psychosociologues une formidable opportunité pour observer les humains en situation de crise, et faire de la recherche sur les déviances diverses et variées et autres bizarreries comportementales qu’on ne peut jamais mieux observer qu’en ces périodes troublées.

À mon petit niveau, j’ai pu faire quelques observations plutôt instructives (enfin, je le crois et veut bien qu’on me contredise si je me trompe). En voici une : dans mon entourage se trouve, comme un peu partout, des gens qui ont plongé avec une facilité déconcertante dans les délires complotistes. J’ai remarqué qu’ils avaient au moins un point commun, ou plutôt un problème commun : un trou dans la personnalité. C’est le besoin, voire la nécessité de le combler, qui produit la fragilité psychologique. Plutôt que de développer une démonstration savante, je donne juste un exemple : lors d’un dîner d’amis la conversation bifurque sur les vaccins anti-covid. Elle s’anime, chacun y allant de ses convictions, inquiétudes, petites blagues pour détendre l’atmosphère… et puis l’un des convives lâche une grosse infox complotiste (du genre « le vaccin tue plus qu’il ne sauve » ou « c’est une pandémie inventée par les dirigeants occultes du monde pour asservir les peuples »). Dès lors, toute la table n’a plus d’attention que pour ce personnage aux convictions délirantes. Jouissant de devenir ainsi le centre de l’attention de tous, ce « provocateur » en rajoute, il persiste, il tient des propos qui font réagir avec véhémence, indignent certains, en font rire d’autres. Peu importe, puisque le temps d’un dîner, son trou de personnalité est rempli de l’importance que tout le monde vient de lui accorder. Il est à noter que ces profils sont très prolixes. Ils noient des idées simples dans des flots de mots et des digressions hors sujets, afin de donner l’impression qu’ils maîtrisent bien leur sujet, qu’ils savent ce qu’ils disent et qu’au fond, les autres qui ne les suivent ne sont que des naïfs manipulés.

Autre exemple. Celui, plus modeste qui se contente de répercuter une ou deux infox captées, il ne sait même plus où, et qu’il répercute sans filtre, en vérité juste pour faire l’intéressant. C’est le célèbre « On ne nous dit pas tout ! » d’Anne Roumanoff, le verre de pinard à portée de main (ce qui est très désobligeant pour le pinard, soit dit en passant. Mais on lui pardonnera tant elle tape juste dans ses sketchs). Car mieux vaut répercuter une grosse bêtise que de n’avoir rien à dire. Cela alimente la conversation et permet là aussi, en se distinguant du tout venant, de combler un petit trou.

Et puis, il y a l’ado qui fera d’Internet son terrain de jeu, car c’est trop drôle de faire circuler de grosses âneries ; il y a toujours des gens pour mordre à l’hameçon. J’ai raconté cela dans ce titre de la collection Engagé chez Scrineo : La théorie du complot.

 

Couv complete 1

 

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